Imagination, coutume, pouvoir XVIe-XVIIe siècles
Au début de l'époque moderne, plusieurs auteurs ont mis l'accent sur l’ambivalence de l’imagination : cette faculté a souvent été répudiée, condamnée, jugée inconstante, conçue comme source d’erreurs et de dérèglements. En dépit de ces défauts, d’aucuns y on reconnu un véritable outil de l’entendement, une puissance créative, un pilier de la sauvegarde des relations humaines, voire un facteur de cohésion sociale. Ce livre propose d’étudier et d’éclaircir la fonction de l’imagination dans l’univers complexe et hiérarchisé des relations humaines ; l’enquête, collective, s’est effectuée au miroir des textes de plusieurs philosophes de la première modernité (de Castiglione à Malebranche). Les éléments de la réflexion menée dans ce recueil aspirent ainsi à mieux penser la façon dont la puissance signifiante de l’imagination travaille les relations sociales et politiques. Ces éléments visent également à révéler la façon dont l’imagination empreint la constitution des coutumes et la genèse des liens divers qui tissent les rapports sociaux et politiques : en bref, il s’agit de voir comment la force de l’imagination s’articule à l’habitude, comment elle agit par le moyen de la persuasion et de l’autosuggestion, comment enfin la puissance de l’imagination contribue à renforcer l’autorité que la coutume attribue à certains individus établis au sommet de l’échelle politico-sociale.