Histoire philosophique du travail
Héritière d’une longue tradition de dévalorisation des activités de travail, la philosophie est plus facilement tentée d’épouser les différentes versions du discours de la « fin du travail » que d’approfondir les différentes formes du retour de la problématique de la centralité du travail. L’histoire de la philosophie ne manque pourtant pas de ressources pour penser l’importance des différents enjeux propres au travail, depuis les problèmes classiques relevant de l’anthropologie philosophique, de la métaphysique ou de l’ontologie, mais aussi de l’éthique, de la théorie de l’action ou de la théorie de la connaissance, jusqu’aux dimensions politiques et sociales. Il s’avère que ces questions, présentes pour certaines dès l’Antiquité, sont restées décisives tout au long de l’histoire de la philosophie, mais qu’elles ont rarement été considérées en tant que telles par les historiens de la philosophie, sans doute parce que le travail restait l’objet de préjugés sociaux dépréciatifs qui le rendaient indigne des enquêtes philosophiques d’ampleur.
Les autrices et auteurs du présent ouvrage se sont proposés de revisiter l’histoire de la philosophie occidentale du point de vue du travail et ainsi d’élever le thème du travail à la dignité philosophique qu’il mérite, si rarement reconnue dans l’histoire de la philosophie. Sans prétention à l’exhaustivité, il s’est agi de rendre manifeste la présence constante du thème du travail, de rendre perceptible le plus grand nombre de ses implications et de faire apparaître la richesse des concepts et des problématiques à travers lesquels il a été pensé – en espérant ainsi contribuer à relancer les recherches philosophiques dans ce domaine.