Cahiers philosophiques
Ginzburg et les croyances
L’œuvre de Carlo Ginzburg, des Batailles nocturnes jusqu’au Sabbat des sorcières, sans négliger Le fromage et les vers ou plus récemment Le fil et les traces, est celle d’un historien dont les objets, la démarche, la méthode, interrogent avec acuité les frontières entre les disciplines – historique, anthropologique et philosophique – et suscitent des questions épistémologiques majeures qui sont au cœur de ce numéro. Qu’il s’agisse d’envisager une « épistémologie de l’invention conceptuelle », de proposer une « épistémologie du commun » articulée à un « existentialisme de la connaissance », de consolider et préciser une « épistémologie de la croyance » ou de poser les jalons d’une « épistémologie de l’aveu », c’est toujours la relation entre une pensée singulière et la connaissance générale, entre les savoirs et les croyances populaires ou subalternes et ceux qui sont dominants, qui font l’objet de l’élaboration philosophique ici déployée.